Traitement de l'acidose métabolique : options et recommandations

L'acidose peut résulter de plusieurs mécanismes physiopathologiques distincts. L'acidose métabolique survient lorsque l'organisme produit trop d'acides ou ne parvient pas à éliminer suffisamment d'acides par les reins. Cette situation peut être causée par un diabète mal contrôlé, une insuffisance rénale, une diarrhée aigüe ou certaines intoxications.

L'acidose respiratoire se développe quand les poumons ne parviennent plus à éliminer correctement le dioxyde de carbone, entraînant son accumulation dans le sang. Les maladies pulmonaires comme la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), l'asthme sévère ou les troubles neuromusculaires affectant la respiration peuvent en être responsables.

Certains médicaments peuvent également favoriser l'acidose, notamment les salicylés à forte dose, la metformine dans certaines conditions ou les inhibiteurs de l'anhydrase carbonique. Les troubles alimentaires graves, la déshydratation importante ou les infections graves constituent d'autres facteurs de risque à considérer.

Les maladies héréditaires du métabolisme, bien que rares, peuvent également provoquer des acidoses par accumulation d'acides organiques spécifiques dans l'organisme.

Les manifestations cliniques de l'acidose varient selon sa sévérité et sa rapidité d'installation. Les symptômes respiratoires constituent souvent les premiers signes, avec une respiration rapide et profonde appelée respiration de Kussmaul, qui représente un mécanisme compensateur pour éliminer l'excès d'acide.

Les troubles digestifs sont fréquents et incluent des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales et une perte d'appétit. Ces symptômes peuvent s'accompagner d'une sensation de soif intense et d'une production d'urine augmentée, particulièrement dans l'acidose diabétique.

Les manifestations neurologiques apparaissent progressivement avec l'aggravation du déséquilibre. La fatigue, la confusion, les maux de tête et la somnolence peuvent évoluer vers un état de stupeur, voire un coma dans les cas les plus sévères.

D'autres signes peuvent être observés comme une haleine à odeur particulière (acétonique dans l'acidose diabétique), des troubles du rythme cardiaque, une hypotension artérielle ou des crampes musculaires résultant des perturbations électrolytiques associées.

L'acidose non traitée peut entraîner des complications graves mettant en jeu le pronostic vital. Les troubles cardiovasculaires représentent l'une des principales préoccupations, avec un risque d'arythmies cardiaques, de diminution de la contractilité myocardique et d'hypotension sévère pouvant conduire au choc.

Le système nerveux central est particulièrement sensible aux variations du pH sanguin. L'aggravation progressive peut conduire à un œdème cérébral, des convulsions et un coma profond nécessitant une prise en charge en réanimation.

Les perturbations électrolytiques associées à l'acidose, notamment l'hyperkaliémie, peuvent provoquer des troubles du rythme cardiaque potentiellement mortels. L'hypocalcémie peut entraîner des spasmes musculaires et des troubles de la coagulation.

L'acidose chronique, même modérée, peut avoir des conséquences à long terme sur la santé osseuse en favorisant la déminéralisation, ainsi que sur la fonction rénale en accélérant la progression de l'insuffisance rénale.

Certains groupes d'aliments peuvent contribuer à augmenter la charge acide de l'organisme, bien que l'alimentation seule provoque rarement une acidose cliniquement significative chez des personnes en bonne santé. Les protéines animales, notamment les viandes rouges, la volaille et les poissons, génèrent des acides lors de leur métabolisme, principalement des acides sulfuriques.

Les céréales raffinées et les produits céréaliers transformés ont tendance à augmenter la production d'acides organiques. Les fromages affinés, riches en protéines et en phosphore, contribuent également à la charge acide alimentaire.

Les boissons gazeuses et les sodas, en raison de leur teneur en acide phosphorique, peuvent participer à l'acidification de l'organisme, particulièrement en cas de consommation excessive et régulière.

À l'inverse, les fruits et légumes frais ont généralement un effet alcalinisant grâce à leur richesse en potassium, magnésium et citrates. Les légumes verts, les agrumes (malgré leur goût acide), les fruits secs et les légumineuses contribuent à neutraliser l'excès d'acides dans l'organisme.

Pour faire baisser le taux d’acidité dans le corps et rétablir un bon équilibre acido-basique, il est essentiel d’agir à la fois sur l’alimentation, l’hydratation et l’hygiène de vie. Voici les principales mesures recommandées :

1. Adopter une alimentation alcalinisante

Certains aliments, une fois métabolisés, produisent des résidus acides dans l’organisme, tandis que d’autres ont un effet alcalinisant. Pour réduire l’acidité, il est conseillé de :

• Augmenter la consommation de légumes et de fruits frais, surtout les légumes verts (épinards, brocolis, courgettes), les avocats, les bananes mûres ou les pommes de terre.

• Limiter les aliments acidifiants, comme les viandes rouges, les charcuteries, les fromages affinés, les produits industriels, les céréales raffinées, le sucre, l’alcool et les sodas.

• Privilégier les céréales complètes, les légumineuses en quantité modérée, les oléagineux non grillés et les huiles végétales de qualité.

2. Bien s’hydrater

Une bonne hydratation aide les reins à éliminer l’excès d’acides :

• Boire 1,5 à 2 litres d’eau par jour, de préférence faiblement minéralisée ou alcaline.

• Intégrer des tisanes drainantes ou des eaux citronnées (le citron a un effet alcalinisant malgré son goût acide).

3. Réduire le stress chronique

Le stress favorise la production d’acides dans l’organisme (notamment l’acide lactique et d’autres métabolites). Pour le réduire :

• Pratiquer la respiration profonde, la méditation, le yoga ou des exercices de cohérence cardiaque.

• Favoriser un sommeil réparateur et des temps de repos réguliers.

4. Bouger régulièrement

L’activité physique modérée stimule la circulation sanguine, la respiration cellulaire et l’élimination des acides. Cependant, attention aux efforts intenses et mal récupérés qui peuvent produire des déchets acides :

• Privilégier les exercices d’endurance douce : marche, vélo, natation, étirements.

• Bien s’hydrater pendant et après l’effort.

5. Envisager une supplémentation en cas de besoin

Dans certains cas (acidose chronique légère, fatigue, troubles digestifs), un professionnel de santé peut recommander :

• Des sels minéraux alcalins : bicarbonate de sodium, citrate de potassium ou de magnésium.

• Des compléments alimentaires basifiants, souvent disponibles en pharmacie ou magasins bio.

Le traitement médicamenteux de l'acidose dépend de sa cause, de sa sévérité et du type d'acidose diagnostiqué. Le bicarbonate de sodium constitue le traitement de référence pour corriger l'acidose métabolique sévère, administré par voie intraveineuse en milieu hospitalier sous surveillance médicale stricte.

Dans l'acidose chronique modérée, des suppléments de bicarbonate de sodium par voie orale peuvent être prescrits, souvent associés à des mesures diététiques. Le citrate de potassium représente une alternative intéressante, particulièrement chez les patients présentant une hypokaliémie associée.

Pour l'acidose respiratoire, le traitement vise principalement à corriger la cause sous-jacente. Les bronchodilatateurs, les corticoïdes inhalés ou la ventilation assistée peuvent être nécessaires selon la pathologie respiratoire en cause.

Certains adjuvants peuvent être utilisés comme les suppléments de calcium en cas d'hypocalcémie associée, ou les échangeurs d'ions comme le kayexalate en cas d'hyperkaliémie menaçante. La dialyse peut être nécessaire dans les formes les plus sévères ou en cas d'insuffisance rénale.

Le traitement doit toujours s'accompagner de la prise en charge de la pathologie causale : contrôle glycémique dans le diabète, traitement de l'infection, correction de la déshydratation ou arrêt du médicament responsable.